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L'Amazonie dans l'espace mondial

24 novembre 2019

La catastrophe écologique et sociale - le cas des incendies en Amazonie

 

 

La forêt amazonienne est la plus grande forêt primaire du monde. Elle se situe au nord de l'Amérique du Sud et occupe neuf pays : principalement le Brésil, mais aussi la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Surinam et la Guyane Française, plus en périphérie. La forêt amazonienne est devenue une préoccupation internationale à partir du moment où sa déforestation a pris de l'ampleur, dans les années 1970, dans un contexte de surgissement de la question écologique avec la fin de la période d'abondance des Trente Glorieuses dans de nombreux pays du monde et le questionnement du productivisme, avec le rapport Meadows nommé "Halte à la croissance". Cette préoccupation est devenue encore plus importante depuis que Jair Bolsonaro a pris ses fonctions en tant que président du Brésil le 1er janvier 2019. En effet, sous sa présidence, la déforestation s'est considérablement accélérée, menant à des incendies de la forêt d'une ampleur incroyable durant l'été 2019 qui ont bouleversé la communauté internationale. Selon la INPE (Institutio Nacional de Pesquisas Espaciais), la déforestation est une cause majeure dans le déclenchement de ces indencies. D’après leur données obtenues par photographie satelite, celle-ci a été multipliée par quatre en juin 2019 par rapport à juin 2018. Mi-août, au plus fort des incendies, 2500 feux se sont déclenchés en moins de 24 heures. 

 

La forêt amazonienne n'est donc pas simplement pas un enjeu local, mais global. Il s'agit donc de se demander en quoi forêt amazonienne et communauté internationale sont liées par ces incendies. Tout d'abord, la destruction de la forêt a des conséquences globales sur l'ensemble de cette communauté. Puis, la responsabilité de cette destruction semble partagée par cette communauté malgré des actions tentant d'inverser la tendance.

 Nombre record de feux dans la forêt amazonienne au Brésil ... 

 Photo : Reuters / Bruno Kelly

 

I - Une destruction de la forêt primaire aux conséquences planétaires 

A) Etat des lieux et historique de la déforestation en Amazonie

La déforestation en Amazonie brésilienne trouve son origine dans la mise en œuvre d’une politique de l’État fédéral brésilien dans les années 1950, visant à intégrer au territoire certaines zones périphériques. En effet, l’étendue du Brésil a longtemps causé du tort à l’État, provoquant une méconnaissance de certaines franges de populations éloignées et éparpillées sur le territoire.

 Ainsi, il fallut créer des réseaux de transports (routes Brasilia-Belém, Brasilia-Acre et la Tranzamazonienne des années 1950 à 1970), traversant la forêt. Ces mesures visant à connaître les popyulations les plus éloignées ne se sont pas limitées à la construction de routes. Elles se sont également illustrées par la proposition d’avantages fiscaux aux entreprises s’implantant en Amazonie. Dans cette même logique, l’’État a également pris l’initiative de cartographier la forêt. Enfin, il a poussé l’agriculture moderne à s’installer en Amazonie, afin de limiter la concentration et la détérioration de certaines régions et de leurs sols.

La déforestation subit une accélération dans les années 1970, et ce du fait d’une logique économique. L’élevage bovin est progressivement privilégié, ainsi que la culture du soja, car leur coût de production est très faible.  

Malgré la progression de la déforestation depuis la fin du XXème siècle et son intensité depuis les années 1990, la mise en œuvre de politiques de protections voit également le jour à cette période. Pour des raisons économiques et politiques, le Brésil cherche à retrouver une certaine légitimité auprès des pays développés, et des banques comme la BIRD dont il dépend, en mettant en œuvre des actions visant à justifier son implication pour l’environnement.

Ainsi, est créé un institut pour la préservation de l’environnement, l’IBAMA (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis) de 1985 à 1990, le Brésil étant alors revenu à un régime démocratique. Évidemment, le sommet de la Terre à Rio est également l’illustration de cette volonté de se bien faire voir auprès des démocraties occidentales. 

Même si ces actions ne sont pas à l’origine d’une réduction de la déforestation, elles permettent néanmoins de protéger certaines portions de la forêt. La déforestation est complètement dépendante du marché, et échappe aux mains du gouvernement brésilien, qui la laisse toutefois se produire. 

 

 

 

 

B) Impact sur la biodiversité et conséquences sur le réchauffement climatique mondial 

Surnommée « le poumon de la planète », la forêt Amazonienne joue un rôle non négligeable dans la production d’oxygène. Les incendies risquent donc de nous priver d’une ressource importante, d’autant que la combustion des plantes entraîne un important dégagement de CO2, un des principaux gaz à effet de serre.

Comme l’explique le chercheur Jean-Pierre Wigneron, la forêt amazonienne est particulière. En raison de son caractère tropical, la concentration en carbone est particulièrement élevée. Il estime qu’il y a « 300 ou 400 tonnes de biomasse par hectare, soit l'équivalent de 150 tonnes à 200 tonnes de carbone par hectare », soit « bien plus que les forêts tempérées » précise le chercheur Philippe Ciais, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. En comparaison, 100 hectares de forêt amazonienne qui brûle dégage environ 15 000 tonnes de carbone, ce qui revient à « l'équivalent des émissions annuelles d'une petite ville comme Palaiseau ou Orsay » explique-t-il.

Il faut donc prendre en compte les émissions de carbone dégagées par la combustion de la forêt mais aussi celles qui ne pourront plus être absorbées par celles-ci.

 

 Infographie Le Monde

Infographies : Le Parisien et Le Monde 

 

 

Les incendies menacent également la biodiversité de cet espace, qui est une des plus riches du monde. On trouverait environ 150 000 espèces de plantes par kilomètre carré. Il y a donc un risque de « savanisation » selon Philippe Léna, chercheur à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). D’après ses prévisions, lorsque le taux de déboisement attendra environ 20% par rapport à la taille de la forêt dans les années 1950, elle ne pourra plus remplir le rôle de de « fleuves volants » selon l’expression brésilienne. L’évaporation de l’humidité contenue dans la forêt tropicale en fait un réservoir d’eau de pluie nécessaire pour les régions agricoles du Brésil, mais aussi du Paraguay et de l’Uruguay.

 

 

C) Souveraineté brésilienne et action internationale 

La situation de la forêt amazonienne conduit à remettre en question le paradigme de l’Etat westphalien. L’Etat westphalien est un Etat indépendant dont la souveraineté sur le territoire ne peut être contestée, empêchant toute forme d’ingérence dans ses affaires, qui est le seul interlocuteur des relations internationales.  Cependant, la politique désastreuse de Jair Bolsonaro sur un sujet concernant le monde entier conduit à remettre grandement en cause ce paradigme. En effet, la forêt amazonienne étant d’une très grande richesse tant culturelle que biotique, la transformer en planches de bois serait un crime gravissime pour l’imaginaire des générations futures et leur rendrait plus difficile la constitution d’une véritable écologie de relations avec le monde réel. La perte des nombreuses cultures saines et soutenables qui vivent dans cette forêt serait également très grave tant elles recèlent des trésors de résilience et de sagesse : qui n’adhère pas aux commandements de la pensée primitive ? Sans oublier que, en supposant que l’émission de gaz à effet de serre entraîne un réchauffement climatique aux conséquences catastrophiques, la forêt amazonienne est un formidable puis à carbone. Que l’on soit d’accord ou non avec ce paradigme ne change rien au fait que les élites y croient. De ce fait, la destruction de la forêt amazonienne par Jair Bolsonaro leur pose problème, plus en raison de la peur du réchauffement climatique que de celle de la perte de cultures ou d’espèces vivantes d’ailleurs. Il y a donc une volonté d’ingérence dans les affaires brésiliennes pour sauver la part de la forêt amazonienne qui s’y trouve, d’abord pour éteindre des incendies probablement trop importants pour que le Brésil s’en occupe à lui tout seul. Ensuite par contestation de la politique forestière de Jair Bolsonaro qui a fortement favorisé les incendies. Cela montre bien à quel point le paradigme du réchauffement climatique sert de légitimation à un gouvernement mondial auquel seraient subordonnées les souverainetés nationales.

Cependant, cette volonté d’ingérence semble hypocrite. On peut en effet se demander pourquoi ne pas avoir contesté la souveraineté des précédents gouvernements brésiliens depuis les années 1970 qui ont construit la Transamazonienne au coeur de la forêt puis encouragé la création de fronts pionniers par les paysans qui ont aggravé le problème. De plus, nombre des gouvernements qui critiquent la déforestation l’encouragent par l’achat des produits issus de la déforestation (bois…) ou qui ont été fabriqués à cause d’elle (boeuf, soja, huile de palme…). Critiquer le Nutella est une démarche plutôt hypocrite quand on sait que la moitié des produits vendus en supermarché contiennent aussi de l’huile de palme.

 

II - Feux de forêt : une responsabilité partagée ? 

 

Au vu des conséquences allant bien au-delà des frontières du Brésil de la destruction de la forêt Amazonienne, il apparaît évident que la protection de celle-ci est du ressort de tous. Comme le dit un membre de la tribu indigène brésilienne des Awa nommé Blade ‘Si vous détruisez la forêt, vous nous détruisez aussi’, l’état de la forêt affecte non seulement les arbres et la biodiversité, mais aussi les peuples qui y vivent, mais plus généralement les populations humaines dans leur globalité. La responsabilité de son sort est donc partagée : de nombreux acteurs, locaux et internationaux, s’en préoccupent, d'autres s'en moquent, ce qu'il fait qu'ils se coordonnent ou s'opposent.

www.cartograf.fr © 2009-2019 OnMyWeb Production

 

  

A) Une grande variété d’acteurs influents sur l’état de l’Amazonie

 

L’Amazonie étant un lieu stratégique et porteur d’enjeux à plusieurs niveaux, économiques comme sociaux, de nombreux acteurs y agissent, pour des raisons toutes aussi diverses que leurs moyens d’action.

Naturellement, le gouvernement brésilien a une forte influence sur la déforestation de l’Amazonie (de la partie brésilienne) : il peut l’endiguer comme provoquer de façon plus ou moins direct et explicite la relance de ce type d’actions. La déforestation qui avait connu une sorte d’accalmie dans les années 2010, a de nouveau augmenté dès l’arrivée au pouvoir de Michel Temer en 2016, attribué au développement du secteur agroalimentaire poussé par celui-ci, phénomène encore accentué à partir du mandat de Jair Bolsonaro, qui déclare clairement son intention d’exploiter les ressources de la forêt. En plus des mesures du gouvernement et de ses ministères, des acteurs publics liés au pouvoir en place agissent aussi sur l’Amazonie. C’est le cas des Etats brésiliens, comme celui d’Amazonas, qui mène une politique active contre la déforestation, avec par exemple le programme de création de Zone Franche Verte (Zona Franca Verde, pour exploiter la forêt de façon durable), ainsi que les instituts et organismes gouvernementaux tels que l’Ibama (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables), l’Ipaam (Institut de protection environnementale de l’Etat d’Amazonas), et l’organisation publique ICMBio (Institut Chico Mendes de conservation de la biodiversité).

En plus de ces acteurs directement étatiques et ou fortement liés au gouvernement, de nombreuses ONG sont présentes sur place. Certaines ont une grande renommée internationale, comme le WWF et Amnesty international. Un certain nombre d’ONG et d’initiatives sont créées directement grâce à des acteurs locaux, la population brésilienne et plus particulièrement la population indigène. Dans le passé, on peut penser à l’Alliance des peuples de la forêt de Chico Mendès, mais aussi à de nombreuses autres plus récentes : les tournées « Urgence Amazonie » et « SoS Amazonie » et l'Alliance des Gardiens de Mère Nature menée par la figure à la renommée internationale du chef des Kayapos Raoni Metuktire.

Les acteurs présents en Amazonie sont donc nombreux, et leurs intérêts et moyens d’actions en conséquent multiples et parfois opposés.

 

B) Des actions de concert minées par des tentatives de désorganisation

Le but de des acteurs, en faveur pour la plupart de la préservation de la forêt, est multiple : il y a généralement un intérêt économique et social, pouvoir faire vivre les populations, ainsi qu'écologique. Ceux-ci sont perçus par un grand nombre d’acteurs comme interdépendants, ce qui les poussent à se coordonner entre eux pour plus d’efficacité. Toutefois, pour ceux qui n’œuvrent pas pour cette préservation, comme le gouvernement actuel, et les acteurs n’ayant qu’un intérêt économique en tête, les actions ont beaucoup plus tendance à désorganiser et à miner les efforts des autres plutôt qu’à les coordonner. On peut citer par exemple les propos du président brésilien, Jair Bolsonaro, au sujet de la responsabilité des ONG dans les incendies :

 

« le crime existe et nous devons faire de notre mieux pour le stopper. Nous avons supprimé 40 % du budget versé aux ONG et ces organisations se plaignent du manque d’argent. Il est donc possible que ces ’activistes’ mènent des actions criminelles pour attirer l’attention contre moi, contre le gouvernement brésilien » Jair Bolsonaro

 

Celui-ci accuse les militants égologistes notamment, ce qui entre dans la logique de rejet des revendications écologistes depuis la début de son mandat. L'écologie est en effet considérée comme un frein au développement économique du pays ainsi qu'à la souveraineté du gouvernement brésilien. Récemment, deux pompiers volontaires ayant été missionné sur les incendies cet été ont été accusés d'avoir eux-mêmes allumés les feux pour nuire à l'image du président.

Les acteurs locaux ont pu se coordonner entre eux et réunir leurs efforts comme dans le cas l’Alliance des Peuples de la Forêt, qui est parvenu à rassembler les mouvements paysans et les populations indigènes sous le leadership de Chico Mendes dans une optique à la fois économique, social et écologique. Les ONG s’ajoutent en général à cela, comme le WWF. On peut aussi citer l’exemple du projet Floresta Viva qui combine des acteurs étatiques, des acteurs de l’union européenne (qui finance le projet) les populations locales, cela dans le but d’intégrer celles-ci dans le développement durable des ressources de l’Amazonie.

Le gouvernement brésilien mène cependant une politique en faveur de la déforestation, agissant généralement à contre-courant de ces autres acteurs, voire en entravant leurs actions. Cela se fait d’une façon qu’on pourrait dire « passive », c’est-à-dire en ne décourageant plus beaucoup ou en tout cas bien moins qu’auparavant l’intrusion accompagnée bien souvent de destruction dans les terres protégées de la forêt amazonienne, en particulier celles des indigènes. Cela a un impact direct sur le nombre de ce genre d’infractions, bien moins réprimées, et dont le nombre a d’ailleurs augmenté d’après João Ghilherme Delgado Bieber, un consultant d’Amnesty International dans une interview avec CBC News. Au-delà de ces « non actions » en ce qui concerne la protection de la forêt, le gouvernement a délibérément choisi de baisser le budget accordé aux acteurs gouvernementaux s’occupant de ce sujet et leur interdit parfois de mener à bien leur rôle ; on peut prendre l’exemple de l’Ibama, dont le budget a baissé de 24% en 2019 et dont les inspections dans la forêt ont été empêchées par le gouvernement.

L’importance de la préservation de la forêt amazonienne est perçue par un grand nombre des acteurs présents là-bas, locaux comme internationaux, qui mènent donc des actions diverses, combinant dimension écologique et parfois social, dans le but de parvenir à un développement durable de l’exploitation de la forêt, si tant est que cela est possible. Ces activités et projets sont rarement réalisées par un seul acteur, et plus souvent par plusieurs d’entre eux ; cependant tous n’ont pas les mêmes buts ni les mêmes visions, même en ce qui concerne la reconnaissance du besoin de préserver l’Amazonie, comme en témoigne l’action du gouvernement brésilien, qui priorise l’intérêt économique à court terme à un développement plus durable.

 

 

 

C) La “déforestation importée” et la mondialisation de l’élevage : une responsabilité globale

 

Si la critique internationale s’est beaucoup concentrée sur la responsabilité du président Brésilien Jair Bolsonaro, celle-ci ne doit pas faire oublier que si le Brésil déforeste, c’est avant tout pour l’exportation de produits agricoles, dont les grandes puissances comme la Chine, les Etats-Unis et l’Europe sont les principaux acheteurs. Le Brésil produit suffisamment de nourriture sur les portions de territoires déjà déboisée, afin de nourrir sa population.

Si la déforestation pour raison agricole s’accélère, c’est parce que qu’une importante part de l’économie brésilienne repose sur l’exportation de produits agricoles, notamment du soja destiné à nourrir le bétail dans le monde entier. La Chine est le premier acteur, mais l’Europe a également une responsabilité dans cette “déforestation importée” puisqu’elle représente 20% des débouchés pour le Brésil. Le Président Français Emmanuel Macron a notamment reconnu dans un entretien à France 2, le 26 août que “sur le soja, on a une part de responsabilité”. Selon un rapport de Greenpeace, “La France importe chaque année entre 3,5 et 4,2 millions de tonnes de soja. En 2017, 61 % de ce soja provenait du Brésil, qui est donc de très loin notre premier fournisseur, avec plus de 2 millions de tonnes par an. »

Ainsi, pour pouvoir se passer du soja brésilien et ainsi atténuer la pression de la déforestation sur l’espace amazonien, « cela équivaudrait à cultiver du soja sur la quasi-totalité des terres agricoles du Morbihan, des Côtes-d’Armor et du Finistère”. La responsabilité des puissances occidentales dans la déforestation brésilienne est donc à ne pas négliger, ce qui est souvent le cas dans la presse ou sur les réseaux sociaux.

 

Zoom - Une réaction internationale manquant d’efficacité 

La situation brésilienne durant l'été 2019 a été extrêmement médiatisée dans les médias classiques mais aussi sur les réseaux sociaux, où le hashtag #prayforamazonia a rencontré un grand succès.

De nombreuses personnalités politiques se sont d’ailleurs exprimés via ce canal, comme Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU ou le Président français Emmanuel Macron. Dans ce dernier cas, on peut relever l’utilisation d’une photographie plus ancienne, datant de 2003. 

 

Captures d'écran des comptes Twitter d'Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) et Antonio Guterres (@antonioguterres) 

 

Le président brésilien a mal réagi aux commentaires des autres chefs d’Etat, allant jusqu’à accuser le président français de néocolonialisme. Il a pour sa part donné comme explication publique la sécheresse, normale à cette saison et les feux utilisés par les agriculteurs pour nettoyer les parcelles, tout en accusant les ONG environnementales d’être également responsables.  

La réaction publique de certains chefs d’Etat apparaît comme une stratégie politique pour se positionner comme protecteur de l’environnement, ou pour répondre aux attaques de l’opposition. Le premier ministre britannique Boris Johnson s’est ainsi déclaré “profondément concerné” par la situation en Amazonie, par la voix de son porte-parole et après avoir été interpellé par son rival Jeremy Corbyn. 

La réaction internationale est aussi passée par une mobilisation publique sur les réseaux sociaux, rencontrant  un fort succès au mois d’août. Le hashtag “Pray for Amazonia” a été en top tendance sur Twitter dans le monde entier. Peu d’acteurs ont cependant eu une réaction impactant dans la pratique les incendies. Certains pays comme l’Allemagne et la Norvège ont en revanche suspendus leur projets d’investissements en Amazonie.

 

Zoom - Les indigènes au Brésil

 Aujourd’hui on compte environ 305 tribus indigènes qui vivent au Brésil, représentant en tout environ 900 000 personnes (chiffres de l’ONG Survival International), réparties en tribus allant de quelques dizaines de personnes à plusieurs milliers. Quelques-unes d’entre elles sont les Guarani, les Yanomami, les Tikuna, ou les Awá. Il faut aussi noter qu’il existerait environ une centaine de peuples indigènes non contactés sur le territoire brésilien.

 

 

Une femme awá et son bébé. Les Awá sont considérés comme la tribu la plus menacée au monde. © Survival International

 

Ces peuples ont des statuts spéciaux, inscrits dans la Constitution brésilienne, et qui leur reconnait des territoires exclusifs (690 territoires). C’est la  Fondation Nationale de l'Indien ou FUNAI qui se charge de faire respecter cela et d’appliquer d’autres mesures en vue de protéger les populations indigènes.

Tous les peuples indigènes ne vivent pas dans la forêt amazonienne, et tous ne sont pas traités de la même manière, certaines tribus ayant été privées de leurs terres comme c’est le cas des Guarani dont le territoire a été transformé en cultures de soja et de canne à sucre. 

En effet les autochtones sont souvent chassés de leurs terres pour permettre l’exploitation de celles-ci, ce qui est un des raisons pour laquelle on lie souvent la thématique du sort des indigènes au Brésil à celle de la préservation de la fôret.

Indiens isolés en Amazonie occidentale © G. Miranda/FUNAI/Survival International

 

Conclusion

La destruction de la forêt amazonienne par la déforestation d'origine humaine et par les incendies entraînés par celle-ci est une catastrophe telle qu'elle porte des enjeux globaux, en termes de climat et de qualité de vie humaine (réserve d'oxygène), et locaux en ce qui concerne les réserves d'eau, la qualité des sols ainsi que la survie des peuples indiens.

Cela pose l'action internationale et de la souveraineté du gouvernement brésilien sur son territoire, face aux autres Etats mais aussi aux ONG, aux acteurs individuels (mouvements de mobilisation citoyens et exploitations agricoles). En ce sens, le Brésil peut se classer parmi les pays émergents néo-souverainistes au sens de Bertrand Badie et Delphine Alles dans leur article "sovereigntism in the internatinal system : from change to split" (2016). En effet, la position de Jair Bolsonaro face aux critiques internationales est de revendiquer l'égalité dans la souveraineté des Etats dans le système international.

 

 

 

 

 

Bertrand Ariane, Gaiffe Julien, Massart Salomé, Thiercelin Valentin 

 

Travail de groupe - Espace Mondial 2019

 

 

Brésil : des centaines de nouveaux incendies en Amazonie ...

 

 © Getty Images / CARL DE SOUZA

 






Sources

 

 

Sur les impacts environnementaux, à l’échelle du Brésil et du monde 

Entretien avec Philippe Lena. “ « La forêt amazonienne pourrait rapidement devenir une savane » Reporterre. (30/08/2019), en ligne : https://reporterre.net/Philippe-Lena-La-foret-amazonienne-pourrait-rapidement-devenir-une-savane. Consulté le 5/11/2019. 

Lorène Lavocat, “Amazonie : la dépendance française au soja n’est pas une fatalité” . Reporterre. (29 août 2019). En ligne https://reporterre.net/Amazonie-la-dependance-francaise-au-soja-n-est-pas-une-fatalite. Consulté le 8/11/2019. 

“Énormes incendies en Amazonie : quelles conséquences pour la planète ?” Le Parisien. (22/08/2019). En ligne : http://www.leparisien.fr/societe/enormes-incendies-en-amazonie-quelles-consequences-pour-la-planete-22-08-2019-8137590.php. Consulté le 12/11/2019. 

 

Sur la responsabilité et la réaction internationale 

Bertrand Badie et Delphine Alles, "Sovereigntism in the international system : from change to split" 2016 (Sciences Po). En ligne : https://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/4jdkcnhnf49nlabm6li4gflrik/resources/badie-sovereigntism-in-the-international-system-eris-3-2.pdf [Consulté le 04/12/2019] p.5-19 

Rapport de Greenpeace “Mordue de viande, l’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja”. 2019. En ligne :https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2019/06/hooked_on_meat_FR_web.pdf?_ga=2.158585018.1673070555.1573657244-1206988424.1550828816  Consulté le 11/11/2019. 

Charles Platiau et Mauro Pimentel. “Amazonie : Le Brésil se ravise et se dit ouvert à l’offre d’entraide du G7”. 27/08/2019. En ligne : 

http://www.rfi.fr/ameriques/20190827-amazonie-macron-excuse-bolsonaro-acceptera-peut-etre-aide-g7. Consulté le 10/11/2019. 

Comptes Twitter de Chefs d’Etats : Jair Bolsonaro, Donald Trump, Emmanuel Macron, Boris Johnson… 

The Guardian, “Boris Johnson 'deeply concerned' by fires raging in the Amazon”. (23/08/2019) En ligne : https://www.theguardian.com/environment/2019/aug/23/boris-johnson-deeply-concerned-by-fires-raging-in-the-amazon Consulté le 23/11/2019. 

Vidéo YT : https://www.youtube.com/watch?v=KTWvZNx-T3g Incendies en Amazonie : la pression internationale s'intensifie sur Bolsonaro, France 24 (23 août 2019) 

 

Les indiens d’Amazonie

Paul Lambert “Les Indiens de l’Amazonie menacés de destruction” Janvier 1966, pages 16 et 17

https://www.monde-diplomatique.fr/1966/01/LAMBERT/27061 Consulté le 12/11/2019

Edouard Bailby “Les Indiens de l’Amazonie victimes du « capitalisme sauvage »”  Novembre 1972, page 28

https://www.monde-diplomatique.fr/1972/11/BAILBY/31226 Consulté le 10/11/2019

 

Denis Ruellan “Nouvelles offensives contre les Indiens du Brésil”  Août 1988, page 11

https://www.monde-diplomatique.fr/1988/08/RUELLAN/41093 Consulté le 10/11/2019

 

“Les Indiens non contactés du Brésil” site survivalinternational.fr/

Löwy Michael, « Les luttes écosociales des indigènes », Écologie & politique, 2013/1 (N° 46), p. 55-66. DOI : 10.3917/ecopo.046.0055. URL : https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2013-1-page-55.htm

 

Sur l’historique de la déforestation 

François-Michel Le Tourneau, “ Jusqu’au bout de la forêt ? Causes et mécanismes de la déforestation en Amazonie brésilienne ” Article de la revue Mappemonde, mars 2004. En ligne :  https://mappemonde-archive.mgm.fr/num3/articles/art04307.html

“ Brésil : la déforestation de l’Amazonie a presque doublé sur un an”, Le Monde. 8/09/2019. En ligne : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/08/bresil-la-deforestation-de-l-amazonie-a-presque-double-sur-un-an_5507980_3244.html 

 

 

 

 

 

 

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